Présentation de l'aire d'étude du canton de Montpon-Ménestérol

France > Nouvelle-Aquitaine

L’histoire de la vallée de l’Isle est mal connue avant le 9e siècle. Toutefois, l’occupation préhistorique des lieux est attestée sur la rive gauche de la rivière à Ménesplet (vestiges d’industrie lithique du Paléolithique supérieur mis au jour au lieu-dit le Claud du Moulin, présence d’un habitat néolithique sur les basses terrasses de l’Isle), ainsi qu’à Montpon-Ménestérol (gisement néolithique au Puy-de-Châlus). A l'époque gallo-romaine, une voie menant de Bordeaux à Lyon, via Périgueux, suivait le cours de l'Isle sur sa rive droite. Des vestiges ont également été découverts au 18e siècle sur le site du Puy-de-Châlus, tertre naturel situé au sud du chef-lieu, fouillés à la fin du 19e siècle. Enfin, une villa gallo-romaine se tenait vraisemblablement en bordure de la rivière, à Saint-Martial-d'Artenset (mobilier des 4e-5e siècles).

Au 9e siècle, les Normands remontèrent le cours de l’Isle et détruisirent Montpon. La Double et du Landais semblent avoir connu une occupation humaine relativement faible jusqu’au 10e siècle, au moment de la mise en place du cadre paroissial. La plupart des anciennes paroisses qui forment le canton sont mentionnées dans les textes à partir du 11e siècle, date à partir de laquelle la mise en valeur des deux plateaux fut entreprise. A cette époque, la châtellenie de Montpon avait été apportée en dot au comte de Périgord Hélie V (vers 1166-1208) ; son territoire s’étendait sur 18 paroisses situées de part et d’autre de l’Isle. La colline du Puy-de-Châlus, longtemps disputée, marquait la frontière avec celle de Gurçon. En 1270, la bastide de Bénévent fut fondée par Archambaud III, comte de Périgord (aujourd’hui située sur les communes de Saint-Martial-d’Artenset et Saint-Laurent-des-Hommes). Celle de Saint-Barthélémy-de-Bellegarde fut fondée en 1316 par Amaury de Craon, Sénéchal de Gascogne pour Edouard II, dernière création en Périgord, qui a ouvert une clairière dans la forêt de la Double. A ce sujet, on peut ajouter que l'aménagement du territoire a commencé au milieu du 13e siècle, lorsque les moines chartreux de l'abbaye de Vauclaire entreprirent la création de nombreux étangs, logés dans les fonds de vallée appelés localement "nauves". Ainsi que l'explique Corinne Marache, "il fallait en effet compter avec les seigneurs laïcs et les villes qui souhaitaient rendre l’Isle navigable, ce qui supposait la destruction des pêcheries et des moulins". Parmi ces créations, on compte l’étang de la Jemaye à Echourgnac. Aux 13e et 14e siècles, une forteresse marquait le siège de la châtellenie de Montpon sur le site du Puy-de-Châlus, la cité bénéficiant de la croissance économique de l’époque. Sa position géographique, au contact de l'Aquitaine anglaise et du comté du Périgord, dont elle dépendait, plaça le site castral au cœur des conflits de la guerre de Cent Ans. Si les zones forestières furent relativement épargnées, l’abbaye de Vauclaire située sur la rive droite de l’Isle fut incendiée et les Chartreux furent contraints de se réfugier à Bordeaux, pour ne s'y établir de nouveau qu’en 1461.

A partir du 16e siècle, le territoire connaît une relative prospérité grâce à l’installation de nombreuses verreries. Le plateau forestier aux terres sablonneuses fournissait en effet les matières premières nécessaires à leur installation. L'exploitation massive du bois engendra aussi le déboisement progressif de la forêt et l'expansion des terrains humides. Les guerres de religion y mirent fin, cependant, ce lieu de passage devenant le théâtre d’importants combats. Le château de Puy-de-Châlus fut détruit. En 1566, le Pizou est brûlé par les protestants et Vauclaire mis à sac. La production du verre disparaît progressivement jusqu'à la fin du 18e siècle.

Au 19e siècle, les récits mettent l’accent sur le caractère insalubre du plateau humide de la Double, où les fièvres paludéennes déciment la population. Cette matière première fut employée comme combustible (chauffage, verreries, poteries) ou transformée en charbon de bois, et le bois d’œuvre employé dans la construction ou vendu en grandes quantités à la marine royale, engendrant le déboisement de la forêt et l’expansion des terres humides. Au milieu du 19e siècle, le préfet décide d’aménager le territoire, grâce à des travaux d'assainissement également destinés à l'amélioration de l’exploitation agricole et forestière. La gestion de la forêt est améliorée : entretien des anciennes futaies, plantation de pins maritimes ou d'assortiments d'essences afin d’éviter la stagnation des eaux. Les mesures prises concernent aussi le désenclavement géographique du plateau, qui passe par la construction de l’axe routier conduisant de La-Roche-Chalais à Montpon-Ménestérol (actuelle D730). Des routes longitudinales sont également tracées de part et d'autre des axes principaux ; quant aux voies existantes, elles sont aménagées.

L'ancien canton de Montpon-Ménestérol, tout comme l'ensemble des cantons français, a été créé en 1790. D'abord inclus dans le district de Mussidan, il fit partie de l'arrondissement de Ribérac de 1800 à 1926, date de sa suppression, avant d'être rattaché à celui de Périgueux.

A la suite de la réforme territoriale de 2015, le canton a été agrandi de dix des douze communes du canton de Saint-Aulaye (sans La Jemaye et Ponteyraud), auxquelles s'ajoute la commune de Moulin-Neuf (ancien canton de Villefranche-de-Lonchat). Seules les 9 communes du canton originel sont concernées par l’étude d’inventaire du patrimoine.

Le canton de Montpon-Ménestérol est situé à l'ouest du département de la Dordogne ; une partie de ses limites occidentales borde la Gironde. Huit communes le composent : Échourgnac, Eygurande-et-Gardedeuil, Ménesplet, Montpon-Ménestérol, Le Pizou, Saint-Barthélémy-de-Bellegarde, Saint-Martial-d'Artenset et Saint-Sauveur-Lalande. L'ensemble représente une superficie d'environ 222 km2. Avec plus de 5580 habitants, Montpon-Ménestérol se classe au rang de la 8e ville du département et rassemble plus de la moitié de la population cantonale.

Au sud du canton, trois communes sont traversées par l'Isle, affluent de la Dordogne qui marque la limite entre les deux plateaux de la Double au nord, et du Landais au sud. Le chef-lieu s'étend d'ailleurs sur les deux rives du cours d'eau. Ces entités géologique et paysagère constituent deux des huit régions agricoles du département. La vallée de l'Isle dessine un tracé sinueux ponctué de nombreux îlots, ses méandres parcourant d'est en ouest la plaine alluviale fertile. Chaque commune dispose aujourd'hui d'un pont qui permet d'en franchir le cours. Le plateau de la Double constitue un territoire au modelé varié de formes douces alternant collines et petites vallées ou "combes" caractérisé par un réseau hydrographique dense accompagné de chapelets d'étangs naturels ou artificiels. Certains de ces ruisseaux sont intermittents, comme la Petite et la Grande Duche, asséchés lors de la saison d'été. Les altitudes varient entre 20 et 50 m dans le lit majeur de la rivière à environ 110-130 m au nord (Saint-Barthélémy-de-Bellegarde et Échourgnac). La nature des sols y est composée des "sables du Périgord", dépôts tertiaires d'argiles, sables et graves qui recouvrent entièrement le substrat calcaire, affleurant seulement dans le Ribéracois. Ce territoire est couvert de forêts composées de feuillus et de conifères (chênes et châtaigniers ; pins sylvestres et maritimes), de landes et d'étangs, terres acides peu favorables à l'agriculture. L'habitat y est dispersé, les espaces à plus forte densité de population étant regroupés le long de la rivière. Ce territoire a donné naissance à des constructions en pan de bois hourdé de torchis, dont il subsiste peu de témoignages. Au sud de la vallée de l'Isle, le plateau du Landais présente des caractéristiques géologiques et orographiques similaires à celles de la Double, les altitudes étant toutefois plus faibles et le relief moins découpé. L'aire d'étude en question s'étend uniquement sur les premières terrasses de l'Isle, en sa rive gauche.

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